Sauvons le vrai camping !

Pourquoi on ferme les yeux ?

Pourquoi on ferme les yeux ?

On peut regrouper les raisons pour lesquelles on ferme les yeux dans 2 grandes catégories :

  • Les raisons économiques
  • Les principes de liberté

Les raisons économiques

Chacune des raisons économiques que nous allons évoquer ci-dessous sont bien entendu des bonnes raisons. D’une manière générale les campings se portent bien, et le chiffre d’affaires du secteur augmente, augmente et augmente encore. Alors dans un contexte économique difficile, il faut bien entendu les prendre en compte.

Mais, au nom de l’économie et de la finance, peut on accepter de voir disparaître un pan entier de notre culture ? Ne peut on pas trouver un juste milieu ?

Bien sûr que si nous pouvons trouver un juste milieu ! Aujourd’hui, nous ne combattons personne. Etant nous mêmes gérants de campings, nous avons tout intérêt à défendre les intérêts économiques des campings. Nous disons juste que si il faut laisser à chaque camping la possibilité de se développer comme il le souhaite, et notamment en développant son parc d’emplacements locatifs, il faut aussi faire en sorte qu’il reste, dans tous les campings, des emplacements nus réservés aux tentes, camping-cars et caravanes.

Le chiffre d’affaires des campings :

Pour faire simple, à chaque fois qu’un emplacement nu est transformé en emplacement locatif, l’hôtellerie de plein air monte en gamme et le chiffre d’affaires du secteur augmente.

Les chiffres sont éloquents : le secteur de l’hôtellerie de plein air représente en 2021 un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros, une projection estimée en 2022 à quasiment 3 milliards, alors qu’il était inférieur à 2 milliards en 2010 et 1 milliard en 2000 ! Alors même que, pour faire simple, le nombre de campings a légèrement diminué et le nombre d’emplacements est resté plutôt stable.

Les investissements dans les campings :

La montée en gamme des campings s’accompagne inévitablement d’investissements colossaux, et de nombreux secteurs d’activités en bénéficient.

Le 1er d’entre eux, bien sûr, les fabricants de mobil homes. Les mobil homes installés sur les campings en France sont pour l’essentiel fabriqués en France. La capacité de production ne fait qu’augmenter. Et pour cause, aujourd’hui, les carnets de commande des fabricants n’ont jamais été aussi remplis. Il faut compter 2 ans pour être livré ! En réalité la vitesse de propagation des mobil homes n’est pas limitée par les volontés d’achats des campings, mais par la capacité de production des fabricants !

Symbole absolu de la montée en gamme, les concepteurs de parcs aquatiques ont trouvé dans les campings un nouveau marché particulièrement intéressant. C’est également le cas des fabricants de structures de jeux pour enfants, des fabricants de chapiteaux, de matériels d’éclairages, de solutions de paysagisme…

L’emploi :

La montée en gamme des campings s’accompagne également inévitablement d’un accroissement des recrutements. Aujourd’hui les campings représentent plus de 50 000 salariés, dont 80% sont des saisonniers, dans le domaine de l’animation, de l’accueil, de la restauration et des services d’une manière générale.

Les campings comme un des principaux leviers de croissance du tourisme :

Si on considère qu’1 emplacement = 1 chambre d’hôtel, alors le camping constitue la 1ère offre d’hébergements touristiques en France.

Et pourtant, le chiffre d’affaires de l’hôtellerie reste actuellement 10 fois supérieur à celui des campings ! 2 raisons expliquent cela : le prix moyen d’une nuitée en hôtel est supérieur au prix moyen d’une nuitée en camping, et il y a plus de nuitées en hôtel qu’en camping car l’effet saisonnalité est beaucoup moins importante.

On a donc, dans le secteur du camping, une incroyable réserve de chiffre d’affaires : à chaque fois qu’un emplacement nu est remplacé par un emplacement locatif, à chaque fois que l’on monte en gamme, on augmente à la fois le prix moyen de la nuitée et le nombre de nuitées…

Encore une fois, nous ne sommes ni contre le développement des locatifs ni contre la montée en gamme. Les 2 correspondent à une vraie demande et à une évolution naturelle du marché.

MAIS fixons un cadre qui permettra à la fois d’augmenter le parc locatif, de poursuivre la montée en gamme ET de faire en sorte que les campeurs puissent continuer de partir en week-end ou en vacances dans les campings.

Les principes de liberté

On nous dit régulièrement, y compris d’ailleurs parmi les gérants de campings indépendants qui sont des vrais campings, « Il faut rester libre de faire ce qu’on veut », « Conservons notre liberté », « Pitié pas une nouvelle règlementation »…

Autant il est important de prendre en compte les aspects économiques du problème, autant nous réfutons totalement ces principes de liberté et de non règlementation comme étant des arguments qui justifient de fermer les yeux et de laisser faire.

« Oui à la liberté »

Loin de nous l’idée de restreindre la liberté de qui que ce soit ! Il est évident que chacun est libre de faire ce qu’il veut !

Et si donc un gérant de camping souhaite remplacer l’ensemble de ces emplacements nus par des emplacements locatifs, il reste totalement libre de le faire !

En revanche le droit à la liberté s’accompagne inévitablement d’un devoir d’assumer ses choix. Ainsi, si chacun est libre de mépriser le vrai camping et les campeurs, il faut alors assumer que son établissement ne soit pas reconnu comme un camping !

Chacun est libre de faire ce qu’il veut, mais un camping qui refuse les campeurs n’est plus un camping !

« Non à la règlementation »

Nous sommes nous mêmes des gérants de campings, autant vous dire que nous ne courons donc pas non plus spécialement après des règlementations supplémentaires !

Selon nous, imposer à tous les campings une proportion minimum d’emplacements nus, ce n’est pas une nouvelle règlementation, c’est protéger les gérants de campings respectueux de la culture du camping contre les gérants de campings qui ne respectent que leur portefeuille et leur banquier.

Un parallèle avec les boulangeries…

Prenons un simple exemple, qui a son petit côté absurde, mais qui offre un parallèle qui nous semble pertinent : pour un boulanger, il est beaucoup plus rentable de vendre des sandwichs plutôt que des baguettes et du pain… Aujourd’hui quasiment toutes les boulangeries vendent des sandwichs, mais toutes les boulangeries vendent aussi des baguettes ! Une boulangerie qui ne vend plus que des sandwichs n’est plus une boulangerie, c’est une sandwicherie…

Et pour aller plus loin, en 1998, les boulangers eux mêmes ont souhaité que la règlementation évolue. Depuis 1998, pour être boulanger, il faut non seulement vendre du pain, mais il faut en plus que le pain soit fabriqué et cuit sur place… Les vrais boulangers, les bons boulangers, n’ont pas considérés cela comme une nouvelle règlementation, mais comme une protection de leur profession et de leur savoir-faire…